Le Syndrome du Choc Toxique (ou SCT) revient régulièrement sur le devant de la scène et à raison, il fait peur. Notre responsabilité est d’informer le plus possible sur ses symptômes, ses causes et les risques liés.
Qu'est-ce que le Syndrome du Choc Toxique (SCT) ?
Entre 15 et 30% de la population (hommes et femmes confondus) est porteuse d’une bactérie, le Staphylocoque Doré (ou Staphylococcus aureus), qui se loge principalement dans le nez, la gorge, le tube digestif, la zone périnéale et la peau.
Elle est présente notamment dans le vagin d’environ 10% des femmes.
Cette bactérie est immobile : elle colonise par multiplication. Elle préfère, pour se développer, les pH neutres (autour de 7) et les environnement riches en air.
La majeure partie des porteurs sont sains (ils n’ont pas de symptômes car ils ont développé des anticorps) ou ne provoque que des infections bénignes (panaris, sinusites, intoxications alimentaires…)
Mais une partie des souches de Staphylocoque Doré peut sécréter une toxine appelée TSST-1 qui peut passer dans le sang par plusieurs voies, comme une blessure de la peau (y compris incision chirurgicale) ou le port de protections internes.
Lorsque la toxine TSST-1 est passée dans le sang ET que le porteur n’est pas immunisé (ce qui est rare mais arrive essentiellement chez les jeunes), l’organisme réagit très rapidement et de façon aigüe en mettant plusieurs organes en « veille » (le foie, les poumons, les reins…) : c’est le Syndrome du Choc Toxique (SCT)
Et quand ce SCT est lié de façon avérée aux menstruations, on l’appelle SCT-M. Mais il peut aussi survenir après une blessure ou une opération, ce n’est pas une infections liée exclusivement aux protections périodiques.
Qui peut être concerné par le SCT-M ?
Les facteurs de risques sont assez méconnus. A priori, il y aurait plus de risques pour développer une SCT :
- Si vous êtes immunodéprimé.e (chimiothérapie, virus ou immunodépression congénitale)
- Si vous êtes victime d’une affection chronique (mucoviscidose, cancer, diabète, …)
- Si vous n’avez pas pas d’anticorps spécifiques au TSST-1 (mais ça, difficile de le savoir
Les facteurs du SCT sont variés et graves mais peuvent être soignés s'ils sont détectés à temps
Les symptômes du SCT peuvent se manifester tous ensemble, ou seulement certains.
C’est une des explications au fait que beaucoup ne s’alertent pas dès le début du SCT : car au départ, il ressemble fortement à une grippe.
Le SCT peut se manifester par :
- une fièvre soudaine (plus de 38,9 °C),
- des vomissements et/ou des diarrhées,
- des maux de gorge,
- des douleurs musculaires,
- des éruptions cutanées qui ressemblent à des coups de soleil,
- des étourdissements voire une sensation d’évanouissement en position debout.
Après ces premiers symptômes, le Choc en tant que tel survient : la tension artérielle chute, le coeur s’accélère. La toxine se diffuse dans les organes et les affaiblit.
Cela peut conduire au coma, à des amputations (comme le cas très médiatisé du mannequin Lauren Wasser) voire à la mort.
Le SCT est donc extrêmement grave, même s’il reste rare et il peut être traité s’il est pris à temps avec des antibiotiques.
C'est pourquoi le fait d'en parler de plus en plus est une excellente chose.
Les risques de développer un SCT en portant une cup menstruelle sont très faibles, mais pas inexistants
Si on l’a longtemps cru, on sait aujourd’hui que la cup ne te protège pas du SCT.
En effet, en août 2015 a été publié le 1er et le seul cas documenté de SCT sur une porteuse de coupe, au Canada (le compte rendu se trouve dans les sources de cet article)
Voici un récapitulatif de tous les cas de SCT recensés en France ces dernières années, en sachant qu’en Angleterre, on en compte en moyenne 40/an dont la moitié survenus pendant les menstruations et aux USA 100/an dont un peu moins de la moitié survenus pendant les règles.
Ce graphique montre que le STC est en forte augmentation sur les 20 dernières années, mais il y a aussi fort à parier que les cas remontent mieux depuis qu’on a commencé à en parler.
Au total, ce sont près de 200 cas répertoriés liés au port de tampons rien qu’en France. A côté de cela seul 1 cas documenté est survenu avec une cup menstruelle dans le monde, en 2015 (1) Cela dit, étant donné que la cup est beaucoup moins utilisée que les tampons, il est important de rester attentif à son impact sur le SCT.
Les études cliniques sur le lien entre cup menstruelle et SCT se contredisent
Une première étude (2) a été menée impliquant des cups en 1994 par une équipe de l’Université de New-York spécialisée dans l’étude des Staphylocoques Dorés (consultable dans les sources de cet article)
La méthodologie employée était de placer une souche de Staphylocoque Doré particulièrement connue pour produire de la toxine TSST-1 sur différentes protections périodiques et d’observer leur production de toxine TSST-1.
Dans cette étude, le Staphylocoque Doré baignait dans un liquide neutre agrémenté de lactobacilles, c’est-à-dire les « bonnes bactéries » qui composent 80% de la flore vaginale. Pour la cup (la marque Tassaway a été utilisée), la conclusion était sans appel :
« Les Coupes Menstruelles Tassaway sont fabriquées en polymère non absorbant. Le Staphylocoque doré n’a pas produit de TSST-1 lors de sa culture sur une Tassaway. […] Il n’est pas surprenant qu’aucune toxine n’ait été trouvée avec les coupes menstruelles Tassaway. Elles sont fabriquées en polymère, un matériau non-absorbant apparemment inerte. De plus, elles ne permettent pas au Staphylocoque doré d’adhérer à leur surface »
Une seconde étude dont on a beaucoup parlé a été publiée en 2018 : il s’agit d’une étude Française du Centre National de Référence (CNR) des Staphylocoques, à Lyon et qui a fait grand bruit.
Nous ne pouvons pas la publier car elle est « sous licence », mais on l’a lue attentivement. La méthodologie était relativement équivalente à la première étude, si ce n’est que les chercheurs ont fait le choix de faire baigner le Staphylocoque Doré dans du Brain-Heart Infusion (BHI) sans lactobacilles.
Pour la petite information le BHI est souvent utilisé pour la culture bactérienne, et il s’agit d’une infusion de cerveau et de coeur de boeuf ou de cochon.
Selon cette seconde étude, les cups et les tampons bio favoriseraient davantage la production de toxine par rapport aux tampons « traditionnels », mais resteraient dans des seuils extrêmement bas.
Ils n’ont malheureusement pas expliqué comment, avec du matériel équivalent, ils arrivent à la conclusion inverse de celle de l’équipe de New-York. Est-ce à cause du matériau des cups testées ? Il s’agissait de la BeCup (qui est en silicone médical mais nous n’avons aucune information sur le type de silicone médical utilisé) et de la Meluna (en TPE, un polymère issu de la pétrochimie).
Le milieu de culture peut-il jouer un rôle, notamment l’absence de lactobacilles, puisqu’on sait l’importance primordiale des bactéries sur l’équilibre vaginal… ? Y a-t-il d’autre paramètres qui pourraient avoir influé sur les résultats ?
Finalement, seules quelques précautions doivent être prises si vous utilisez une cup menstruelle pour vous prémunir du SCT.
Déjà, pas de panique, il y a seulement 1 cas répertorié dans le monde depuis la création de la cup.
Cela n'empêche pas de prendre ces quelques précautions :
- Lavez bien vos mains avant de manipuler la cup, car le Staphylocoque doré peut se trouver sur la peau.
- Ne lavez pas la cup avec un savon au pH basique ou alcalin, puisque le Staphylocoque doré aime se développer dans les pH neutres (alors que le vagin a un pH entre 4 et 6, donc acide). Vous pouvez utiliser La Mousse ou Les Wipes Luneale, et n’hésitez pas à consulter nos articles qui expliquent comment nettoyer efficacement la cup menstruelle et pourquoi il faut être attentifve à la composition des nettoyants intimes.
- Choisissez unecup adaptée à votre flux de façon à ce qu’il y ait le moins d’air possible dans votre vagin (le Staphylocoque doré se développe plus à l’air)
- Soyez attentifve aux éventuels symptômes que vous pourriez ressentir.
- N’oubliez pas votre cup au-delà de 8h, surtout en fin de règles lorsqu’elle est moins pleine.
Il reste encore beaucoup de questions pour bien comprendre le Syndrôme du Choc toxique menstruel
La façon dont cette étude du CNR a été annoncée, menée, etc… nous interroge. Et nous ne sommes pas les seuls ! Comme on écrit beaucoup moins bien qu’une essayiste ET qu’on est absolument d’accord sur tout avec elle, on vous conseille de lire cet excellent article de Elise Thiébaut sur Médiapart. Vraiment, lisez-le ! C’est un peu long (car le sujet est technique) mais c’est extrêmement bien écrit et c’est très complet…
Sources : – Etude complète sur la prolifération du TSST-1 sur les différentes protections périodiques (en anglais) (1) Description du cas de STC avec une cup (en anglais) – Point complet sur le STC (en français) – Etude de 1962 mettant en avant la faible prolifération bactérienne sur une cup vs. tampons et serviettes (en anglais) – Comparatif des SCT-M et nonM en France entre 2003 et 2006 : One in five mortality in non-menstrual toxic shock syndrome versus no mortality in menstrual cases in a balanced French series of 55 cases.
commentaire
Bonjour
Je viens de me rendre compte avec effroi que j’ai gardé ma cup pendant plus de 15 jours sans m’en rendre compte.
J’ai été aux toilettes cet après midi et j’ai senti une sensation étrange. Petit moment de panique jusqu’à ce que je me rende compte que c’était ma cup qui sortait. Problème : mes règles sont finies depuis le 6 et nous sommes le 22. Il semble que je l’ai mise pour la nuit et que le lendemain matin, ne la sentant plus je l’ai oubliée.
2 questions
Est il fréquent que la cup se retourne au point qu’on ne la sente plus? Est ce que cela veut dire qu’elle ne me correspond pas?
Est ce qu’il peut y avoir des conséquences au fait d’avoir gardé ma cup aussi longtemps ?
C’est le week end donc je ne peux pas joindre ma gynécologue.
J’ai besoin de savoir si c’est juste une anecdote ou si je dois m’inquiéter
Merci .