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Quels sont les risques de Syndrome du Choc Toxique (SCT) avec une cup menstruelle ?

Le Syndrome du Choc Toxique (SCT) est une affection rare mais grave qui suscite des inquiétudes, notamment chez les utilisatrices de protections menstruelles internes comme les tampons et les cups menstruelles. Bien que son lien avec ces protections soit souvent évoqué, le SCT-M reste extrêmement rare. Dans cet article, nous allons expliquer les causes du SCT, les précautions à prendre avec une cup menstruelle, et surtout, ce que disent les études scientifiques sur ce sujet.

1 - Qu'est-ce que le Syndrome du Choc Toxique (SCT) ?

Le Syndrome du Choc Toxique (SCT) est une réaction inflammatoire aiguë causée par la libération d’une toxine appelée TSST-1 (Toxic Shock Syndrome Toxin-1), produite par certaines souches de la bactérie Staphylococcus aureus. Cette toxine, lorsqu’elle passe dans le sang, peut provoquer un dysfonctionnement multi-organes mettant en jeu le pronostic vital.

Les symptômes du SCT

Les premiers signes du SCT peuvent être trompeurs car ils ressemblent à ceux d’une grippe ou d’une gastro-entérite. C’est pourquoi un retard de diagnostic peut survenir, rendant la prise en charge plus difficile. Le SCT évolue très rapidement, en quelques heures à 48 heures, vers un état de choc qui peut entraîner de graves complications.
Il est important de noter que tous ces symptômes ne surviennent pas forcément ensemble, ce qui peut rendre l’identification du SCT plus difficile.

Les symptômes peuvent inclure :

  • Une fièvre soudaine et élevée (généralement au-dessus de 39°C).
  • Des nausées, vomissements et/ou diarrhées , qui peuvent être confondus avec une intoxication alimentaire.
  • Des maux de tête et une sensation de confusion ou de désorientation.
  • Des douleurs musculaires intenses , pouvant ressembler à des courbatures sévères.
  • Une éruption cutanée rougeâtre , semblable à un coup de soleil, qui peut apparaître sur le tronc et s’étendre au reste du corps.
  • Des étourdissements ou une sensation de malaise en position debout , pouvant être liés à une chute brutale de la tension artérielle.

Dans les cas les plus graves, l’infection peut entraîner :

  • Une chute de la tension artérielle (hypotension sévère), menant à un état de choc.
  • Une insuffisance multi-organes (foie, reins, poumons…).
  • Des nécroses tissulaires nécessitant des amputations, comme cela a été médiatisé dans certains cas extrêmes.
  • Un coma ou un décès en l’absence de prise en charge rapide.

📌 Que faire en cas de symptômes ?

Si vous ressentez ces symptômes, retirez immédiatement votre protection menstruelle (tampon ou cup) et consultez en urgence un médecin. Une prise en charge rapide avec des antibiotiques et un traitement de soutien est essentielle pour éviter des complications graves.
Le SCT reste très rare, mais une bonne connaissance des symptômes permet d’agir vite et de limiter les risques. Parler du SCT est donc un enjeu essentiel de prévention.

Le rôle de Staphylococcus aureus dans le SCT

Staphylococcus aureus est une bactérie présente naturellement chez environ 20% de la population (hommes et femmes confondus) sur la peau, les muqueuses et dans les cavités naturelles (nez, gorge, tube digestif, zone périnéale) (1).

Chez environ 5 % des femmes, cette bactérie est présente dans le vagin (2).

Cependant, seule une minorité de ces bactéries possède la capacité de produire la toxine TSST-1 (environ 4 % des souches de S. aureus trouvées dans le vagin) (3).

2 - Pourquoi certaines personnes ont plus de risque de développer un Syndrome du Choc Toxique ?

Le SCT ne touche que les personnes qui n'ont pas développé d'anticorps contre la toxine TSST-1.
Selon les études (4), au global environ 15 % des femmes ne sont pas immunisées naturellement.

Il y a cependant des variations en fonction de l’âge : les plus jeunes sont moins bien immunisées (19% de non immunisées chez les 13-18 ans).
Les variations sont aussi en fonction du groupe éthnique : les femmes noires sont aussi non-immunisées à 19%.

Cela signifie que pour qu’un SCT se déclenche, trois conditions doivent être réunies de façon cumulées :

  1. Présence de S. aureus dans le vagin (5% des femmes)
  2. Présence d’une souche capable de produire la toxine TSST-1. (4% des souches)
  3. Absence d’immunité naturelle contre la toxine. (15% des femmes)

Si l'on combine ces facteurs, la probabilité théorique d’une femme donnée de réunir ces trois critères est de l’ordre de 0,03 % (soit environ 3 femmes sur 10 000). (5)

Cependant, même en présence de ces conditions, un facteur déclencheur est nécessaire pour qu’un SCT se développe.

3 - Quels sont les facteurs déclencheurs du SCT ?

L’un des grands problèmes des recherches actuelles sur le SCT est que les facteurs déclencheurs sont encore mal compris et mal étudiés.

Toutefois, plusieurs éléments sont suspectés d’augmenter le risque de développement du SCT :

  • Un déséquilibre du microbiote vaginal, notamment une diminution des lactobacilles (les “bonnes bactéries” qui protègent le vagin).
  • La présence d’oxygène dans le vagin, qui peut stimuler la croissance de S. aureus.
  • Une altération de la barrière muqueuse vaginale (ex. : micro-lésions).
  • Une stagnation prolongée du sang menstruel favorisant un milieu propice à la prolifération bactérienne.

4 - Cups menstruelles et SCT : ce que disent les études

Le rôle des lactobacilles dans la protection contre le SCT

Des études récentes ont démontré que les lactobacilles, qui constituent une grande partie de la flore vaginale, jouent un rôle crucial dans la protection contre S. aureus et la production de TSST-1 (6).

Ces bactéries produisent de l’acide lactique et du peroxyde d’hydrogène, qui limitent la croissance des agents pathogènes. Ainsi, un microbiote vaginal équilibré pourrait considérablement réduire le risque de SCT.

L’étude de Tierno (1994) : pas de risque observé avec une cup menstruelle

En 1994, une équipe de l’Université de New York a testé plusieurs protections menstruelles (tampons et cups) en incubant une souche de S. aureus dans un milieu de culture sans lactobacilles.(7)
Cette étude a conclu que les cups menstruelles ne favorisaient pas la production de TSST-1, même après 24 heures d’incubation. Toutefois, l’absence de lactobacilles dans le milieu de culture soulève des questions sur la représentativité des résultats.

L’étude de Lina (2018) : des résultats opposés

En 2018, une étude du Centre National de Référence des Staphylocoques à Lyon a mis en avant des conclusions différentes (8). Dans cette étude, S. aureus a été incubé dans un milieu sans lactobacilles et les chercheurs ont observé que les cups menstruelles permettaient la production de TSST-1 dès 8h d'incubation, possiblement en raison d’un apport accru en oxygène.

Ces divergences importantes de ces études soulignent l’importance de poursuivre les recherches sur la cup menstruelle en intégrant notament des conditions de culture proches du microbiote vaginal réel.

5 - Quelle est la durée de port recommandée pour une cup menstruelle ?

Actuellement, les recommandations en France de 6 heures de port pour les cups menstruelles sont basées sur un principe de précaution.
Il faut noter que les recommandations sont variables d'un pays à l'autre : au niveau Européen, la durée recommandée est de 8h et aux US, de 12h. Cela diffère en fonction du niveau de précaution pris par les différentes législations.

Pourquoi cette différence de traitement avec les tampons ?

Historiquement, les tampons ont été associés à des épidémies de SCT dans les années 1980 (notamment en raison de la rayonne utilisée dans certains modèles ultra-absorbants). C’est pourquoi les recommandations de 6 à 8 heures de port maximum ont été mises en place.
Pourtant, les cups n’ont jamais causé d’épidémie de SCT, et les rares cas recensés restent isolés et peu documentés. Malgré cela, elles sont soumises aux mêmes restrictions, sans preuve scientifique solide.

6- Comment utiliser une cup menstruelle en toute sécurité ?

Si le risque est faible, il est toujours bon de respecter certaines précautions :

  • Lavez-vous les mains avant et après chaque manipulation de la cup afin d’éviter de transporter un S. aureus qui serait localisé sur une autre partie de votre corps
  • Évitez les nettoyants au pH trop élevé (par exemple le savon), car S. aureus se développe mieux dans un environnement neutre.
  • Choisissez une cup adaptée à votre flux, afin de limiter la quantité d’air présente dans le vagin.
  • Ne dépassez pas 6 heures de port, même si les preuves scientifiques sur cette recommandation sont discutables.

Conclusion : un sujet encore mal compris

Le SCT lié aux cups menstruelles reste extrêmement rare. Pourtant, les études disponibles présentent des résultats contradictoires et ne tiennent pas toujours compte des conditions réelles du microbiote vaginal. Il est essentiel que de nouvelles recherches indépendantes et rigoureuses soient menées pour mieux comprendre ce phénomène et adapter les recommandations en conséquence.

Sources & notes :

(1) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9227864/
(2) https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/7201288/
(3)https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/7930723/
(4)https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC1234102
(5) Pour mettre en perspective, quelques prévalences : Cancer du sein : 120 cas sur 10000 - AVC : 100 cas sur 10000 - Accident de la route : 57 cas sur 10000 
(6)https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC6935855
(7)https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18475381/
(8)https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29678918/

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Comment

  • Bonjour
    Je viens de me rendre compte avec effroi que j’ai gardé ma cup pendant plus de 15 jours sans m’en rendre compte.
    J’ai été aux toilettes cet après midi et j’ai senti une sensation étrange. Petit moment de panique jusqu’à ce que je me rende compte que c’était ma cup qui sortait. Problème : mes règles sont finies depuis le 6 et nous sommes le 22. Il semble que je l’ai mise pour la nuit et que le lendemain matin, ne la sentant plus je l’ai oubliée.
    2 questions
    Est il fréquent que la cup se retourne au point qu’on ne la sente plus? Est ce que cela veut dire qu’elle ne me correspond pas?
    Est ce qu’il peut y avoir des conséquences au fait d’avoir gardé ma cup aussi longtemps ?
    C’est le week end donc je ne peux pas joindre ma gynécologue.
    J’ai besoin de savoir si c’est juste une anecdote ou si je dois m’inquiéter
    Merci .

    Hélène Fort on

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